LEPOWEB


ÊTRE

140

Des forges du Graal ,

entre la lèpre et le fouet , la famine des femmes ,

les rides puantes des villes , les corps restent de pluies .

La peau se drape de sel , de masque ,

les mots s'ourlent de cendres et de crachats ;

d'arides sens en âcres nausées

le temps vient de périr ou de vomir nos soleils .

 

141

Puisqu'il faut sans cesse en finir avec l'hiver

ton corps est mon remède

tes seins mon abri

tes cuisses ma sacristie .

 

142

Le feu décolleté ondule

reflet des salines où les corps résistent au fouet de la lumière

la pluie criblera celui là , debout , qui héberge les étoiles

la terre broyée dans sa main par le soleil avalé .

 

143

L'encre de ton corps étalé se nacre

sous tes paupières s'orangent les clairières

soudain le silence se réveille

respire la cime

ma main s'effile en couteau

de ton corps les copeaux scintillent

d'amour la preuve s'accroît .


144

Le vide est il de chair ?

non

sauf si j'en suis la chair,

je me cabre et me brise

le verbe est mon front

l'univers un mur .

 

145

Entends l'eau geint et la plaine pleure ,

éperdument les fleurs s'offrent ,

les arbres se brisent , ruissellent ,

balbutient quelques plaintes au ciel qui les mord ,

les mâche , les mange sans faim ;

le seuil s'achève là quand s'embrase leur haleine ,

qu'ils se consument au regard , alors la douleur se déploie ,

et le temps se fige de ruines infinies ;

si je vis , le dire est inutile

si je meurs , O oui

si j'aime , au delà du don de souffrir qui peut le dire ? .



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