LEPOWEB


ÊTRE

100

Cette femme n'a de corps qu'un contour

dessin d'un trait noir que le désert effraie

ses portes tendent leurs lèvres

le soleil et la lune en un point pressé

font un bouquet au bout des branches

que ses mains tendent .


101

Dans la nuit entière et nue

il y a des pétales sur les pierres

étoiles que le vent glane ,

échappées de quelles paupières ?

 

102

Âme noircie que fille rit

en murmure bouge et quitte bouche

le mot sans finir de mort en vie

va chante souffle vente

de l'être la présence .

 

103

Qu'amour dure en brille corps

à belles dents sous la hutte

et que le gai sang houille sous la peau

travaille carnivore

à édifier le temps

et de l'être la maison .


104

Et l'horreur de son cri a réveillé les heures ;

la folie a rougi de se sentir morose ,

ce n'est pas tous les jours qu'on étreint une rose ,

ivre de se donner dans le jardin qui meurt .

La chair a retenti toute entière immolée ,

qui , dans le corps tendu de la sève vibrante ,

au chemin parcouru a su se faire errante ,

dans l'attente des mains toujours abandonnées .

Le garçon s'est dressé , hagard , de son ciel bleu .

Il a su retrouver des doigts , la course folle

et la peau arrachée a labouré le vol

du visage de fer dans la morsure du feu .

Il a jeté le masque hanté d'adolescence .

Il a dit - non - au monde râlant dans sa tanière

et dans l'offrande vide de son sexe de pierre ,

a révélé du cœur , la haine et la naissance .

Il a ranimé l'or et le mot de ses lèvres ,

a sonné le triomphe et le virtuel éclat ,

qui de l'ombre a jailli en l'infini combat ,

de son âme et du rêve , éternité de fièvre .

 

105

Seuls les sourds

imaginent le chant du papillon

il faut être sourd .

Seuls les muets

savent l'odeur du cri

il faut être muet .

Seuls les aveugles

écoutent les rayons du soleil

il faut être aveugle .



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