LEPOWEB


ÊTRE

131

Pour que tes mains maillent le printemps

demeure à la dérive du rythme qui t'assaille

le visage en salve aux faveurs des semailles .

 

132

Fripée d'alluvions , de la chair en vapeurs s'effacent les lignes nues ;

dans l'ombre s'éveille l'iris

des cendres s'exhalent les pleurs

complice , le soleil n'est pas d'humeur au vertige

et mon miroir demeure ma tombe et mon supplice .

 

133

Étendue tu tressailles ,

ton dos se ravine

- potence - à tes lèvres

l'ouragan nous fouette

éclose tu coules , tu te tais

pourtant une foule te piétine

muet je t'appelle , tu te redresses

de tes yeux dans mes yeux étouffés , le soleil coule .

 

134

La goule malmise

il pleure au bleu du mirail ,

Dieu l'a fait sans ailes .


135

Au pubis clapotis craquent mes doigts ,

tes seins fondent , mes mains s'y glissent ,

pendu au lacet de tes lèvres

en ton sommeil je m'endors

en perte de toi .

 

136

Sous tes paupières d'oiseau mes yeux fouillent ta houille

pendant que tu passes le gué du pénis à la nuit .

 

137

L'infini gluant ronge le temps ,

le silence pèse de tout son anthracite ,

l'étoile est une plaie ,

le langage est une chute .

Candide , la rose est de fièvre ,

avec du feu , du sel , quelques galbes , un songe de chair ,

c'est mon métier de tisser entre tes cuisses le jour .

 

138

Ma main à ta cruche s'épuise ;

four de tous les soleils tu tintes au profond de la nuit ,

ta source âcre et pourtant si douce à vivre me résigne .

 

139

Le vertige est le seuil ,

les arbres s'étirent , les marbres s'absorbent

les corps mollissent , l'heure est à genoux

dans le désert là-bas une ombre écorchée de bleu

- serait-ce la vie ? dans une dune , engluée ?



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