LEPOWEB


ÊTRE

 

81

Âme muette

dans la roche crisse le vent .

 

82

Suprême insomnie , aimer

incendie plus noir qu'un beau soir cru

comme un besoin de fougères où blasphémer sa passion .

 

83

Je n'ai que le pain des psaumes en offrande ,

un crachin d'orties que console la bruyère

et de Dieu les cendres ,

je vieillis toutes fenêtres ouvertes

riche du jour et de la nuit

j'ai cessé d'être hérétique au soleil .

 

84

Friable espérance

il faut chercher une trace , une arche ,

sous l'écorce vigilante à l'érosion des siècles

où arrimer son âme .

 

85

Dans la pierre la nuit inerte

visage notre miroir

fabuleuse genèse

esprit frit en possession de chair

gouffre centaurée .


86

En la femme sanctuaire entrouvert

s'égrène le sable initial

en forêts , tourmentes , torrents

pluies , grêles , landes , vergers

où crépitent les papillons .

 

87

Cela commença par un limpide regard

sans accrocs de paroles

chardon tournoyant d'abeilles

et d'os cousus de terre .

 

88

Flanc contre flanc au même galop

nos yeux s'enveloppent l'un de l'autre

et les tissus de tes cuisses empierrent mon regard .

 

89

Corail aux ailes dévorées

une rose saigne

en écho la lune rougit

et sur sa plaie la pluie pleure .

 

90

Sur le fleuve léopard

des visages dans les flots , tournoient

soupirs de lumière en tourbillons engloutis .



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