LEPOWEB


ÊTRE

 

91

Quand le cri saccage le silence et ses fontaines ,

des yeux la faïence se brise .

 

92

Les miroirs ont soif de mensonges

nous les abreuvons de nos visages

le vrai n'a pas d'image .

 

93

Vivre au jour la passion d'être de ce jour

sans autre fin que d'être un tout jour .

 

94

La chair frissonne sous le châle tison ;

de froid ?

non , de l'amour la pénombre .

 

95

Huilés de trop de pluie les graviers crissent sous la nuit ,

paré de la fourrure d'un jardin en bosquets somnolents ,

il y a un menhir sur le grand chemin , qui baisse les bras ;

à force de roses il s'achève d'une mort décente .

96

S'il le veut ; aime l'autre comme tu le peux .

 

97

Comme rose j'offre mot

je comme personne écorché de tous visages

de toutes vérités de toutes propriétés

messager des anges équarris

suis le chant par le pain et le vin réunis .

 

98

J'écriture , cyprès du soleil

du ciel au matin

ne rien faire ne rien dire

j'aspire au grand silence

à n'être qu'un regard , tout le regard

de l'absent .

 

99

Sur la marelle des saisons

ultime demeure des morts

le coq trime à chaque aurore

pour que le feu flambe en langue

et que les clairières en flaques ne s'éteignent pas

soleils des ténèbres , braises d'être .



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