LEPOWEB


ÊTRE

230

Le regard feutré

un nomade de corridor en corridor

tend son pas vers l'arbre

où le soleil ricoche

de jeunes filles en figues fraîches .


231

Un vaurien

âpre et ivre d'été

au firmament d'un if escarpé

je suis si pauvre que l'on me voit à peine .

 

232

La lâcheté de Judas fut dans son courage ,

la mienne est de vivre sans appétit des autres .

 

233

Rivage veiné de mica lichen mousse

duvet à l'anus bistre , là infuse l'arbre mère .

 

234

Ifs obscurs trempés

bustes sans têtes effilés

ils déchiffrent la buée

châteaux de moire vêtus

que la lune caresse .

 

235

D'un fumier d'amour impérissable

la bruyère - mauve souffrance -

s'élance caresser le ciel ,

aussi mauves les écroués crient .


236

Coq blanc et d'or

le perce neige

cabre sa crête et s'ouvre l'aube .

 

237

Escarbilles aux branches

myosotis sous la charmille

un baiser d'améthyste

dévoile à la nuit

ma nudité d'étoile .

 

238

Le porteur de feu

d'écho en écho

par les nuits embaumées de glycines

cède à l'avaleur de feu

la gerbe du torrent

le bruissement des forêts

et la chanson de chair .

 

239

Les bougainvillées griffent le soleil

et pleurent sur la chaux blanche

des larmes d'un sang si rouge

que le ciel par tendresse

les adoucit d'un peu de bleu .

 

240

Dans l'ombre havane

un soupçon de ciel

strie la pierre

d'un décolleté d'ivoire .



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