LEPOWEB


EYRE

121

Vaille que neige

athée pire que Dieu

au seul soleil

je porte haut l'au-delà d'un désespoir,

dans l'ossuaire de ma mémoire .

 

122

Il y a grand danger à dire qui tu es .

 

123

Je compte au dessous de zéro

au dessus il faut savoir marcher nager escalader

et même voler .

 

124

Détresse - la mer n'est jamais aussi calme , serait-ce de pleurs ?

il y a détresse de se vouloir vivre , de potence en potence se brûler ;

que vaut le dire ? le plaisir est un exil de soie , catalpa déhanché

je danse au pressoir .

Détresse - mot plein d'une attente , quelque chose de pluie ,

un reste de fleurs sur les lèvres , un pétale sur les yeux ,

que vaut le Dire , il est temps de se taire .


125

Il y a des tombeaux qui sont des poutres aux maisons .

 

126

Braise sur tige

d'un rouge si ardent

c'est un ruban de chair .

 

127

Ni homme ni ange

soleil captif

rougi au bouillon nerveux des tisons .

 

128

De ton oeil au plus profond du poumon

la ruine crée sa trace ,

soit aussi traître que l'eau .

 

129

Les yeux O tant et tant

qui s'encrassent de trop pleurer

quand une seule larme peut laver tout un ciel .


130

Alors la chair écume , boursoufle la nuit et ses buissons ,

le désir tisse l'étreinte en ronces bleues ,

l'oubli ne retient que d'épaisses pelouses et des voûtes en laine ,

happée par la vague , une souche trempe ses cheveux défaits ,

de l'oubli ne revient qu'un bourdon ivre du parfum âcre et épais

d'un noyer debout au blanc midi .



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