|
ÊTRE 146 De l'éclat du silex le verbe a surgit O soleil horrible clameur la croix redresse l'échine la mémoire est une armure toutes les portes s'ouvrent sur la guerre les murs et mots se bâtissent de chair d'amour la demeure serait si fraîche .
147 Sans mesure j'ai arraché ma vie aux Dieux je ne bois plus l'eau mais son ébullition . 148 On ne ment pas à son miroir le miroir est mensonge il est Dieu pour se voir regardes là où rien ne te ressemble nulle part .
149 Jaune Altaïr sœur de terre frisson à l'agonie n'es-tu pas aussi éloigné que l'homme l'est de la femme ?
150 Être au soupirail papillon frisson filtré avec pour toute nourriture l'alchimique enfance calebasse sacrée saturée de mésanges d'érable folie et de sperme torréfié .
151 Je m'emplis de mer , varech , embruns , plage qu'étouffe ma colère , alcoolique baie j'y déserte les néons de soi en soi , au delà de l'éternel duel , lever l'écrou d'un impalpable coton au pubis buisson où s'égosille le don de soi . 152 Une lourde nuit de lente orgie infiniment règne sur un royaume de pluie , de terrils , d'hosties , de liserons , enfin un royaume si léger qu'une fauvette s'en ferait un tombeau .
153 Arbres en faïences sur dos de lune brisures d'assiettes solaires Gaudi de mille dahlias a tatoué le ciel d'un cerf-volant glaïeul acharné lancinant brasier de bleuets miroir propice à l'inclinaison des hommes pauvres et beaux .
154 Que deviennent les grands parcs ébouriffés où les statues chuchotent aux amants qu'il faut vivre sans espoir ni regrets ; que devient le creusement des baisers dans la chair , le crissement du désespoir sur le sentier , que deviennent les hurlements de la terre à grands coups d'archet sur les cyprès ? .
155 D'un éden bouté hors de vie , varech égaré sur les grèves de la mémoire la mort éclaire le danseur cambré à la candeur irisée , de ses paupières en ressac de braise des bleuets , larmes d'Icare , criblent l'aurore d'une nuit infinie . Page 17 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 |