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D'AMOUR Dans l'azur ma tête glisse, délivrée d'un amour qui s'effeuille morose. Inconsolé jusqu'à l'extase, je m'arrache un rêve, j'invente une fleur, métamorphose de mes calvaires. Il ne reste que la douleur à fouetter jusqu'à sa féroce floraison. J'écris sur une feuille que l'aube a éteinte. Le soupçon insidieux m'ampute d'un regard. O malvie, verger des songes, tu me susurres d'aimer. Déjà becqueté par tes pies enivrées, je me hisse un soleil et m'en grise la nuit. Je suis et resterai insolvable. Amant déchiré de toute faim, de toute soif, sans espoir que des bleuets dans les blés, je suis là, gisant, ivre, mais sous la couture de tes cuisses la forêt crie, encore. Dans la chambre tiède et obscure, sous ta chemise en sueur, tes seins se soulèvent. Nous marchons, la cime est là. Je garde le souvenir d'un sommeil après une caresse osée. Je me souviens de toi, ta bouche cattleyas inexorable diadème sur ma bouche quand de caresses en broussailles tu te délivres. Cambrés et capiteux, tes seins complotent, la nuit sera fraîche comme la lézarde de tes fesses. Sur ton cou mat, cuivré, sucré, s'enfouissent mes baisers écorchés jusqu'à la mie. Tu rameutes tes bras, tu pousses les murs, le lit se froisse, lubrique cachot, ta vulve écarquille ses lèvres. Et la nuit, soudain, reflue, éclaboussée de salive. Et je me souviens combien nous nous sommes tant aimés.
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