Ça pue ici, ça pue là bas,

tourbe, humus, fumier, limon, vase,

ça pue la vie, qu'elle soit sous des peaux neuves, orangées et luisantes

ou sous des parchemins tannés de caresses.

La lie de la nuit t'étoffe, un hêtre aux yeux mangés travaille le ciel,

son écorce bave du vin de guêpes,

pendant que des cerisiers amers et tenaces,

frangent l'azur d'une averse de tessons roses et blancs.

J'aimerais tant que le jour hésite,

que nous ayons au moins une fois la chance de nous sortir de la nuit,

de nous faire soleils.

Il fait toujours si froid quand on se demande ce que l'on fait là

et ce froid se glace quand Auschwitz fût là bas,

quand Auschwitz se fige en demeure ici .

La patience m'implore de tenir,

de lâcher tous les oiseaux de ma gorge,

de célébrer l'homme, en dépit de tous ceux qui adorent les poètes qu'ils ne lisent pas.

Célébrer, mais les égouts en lame de fond lynchent les moulins,

célébrer, mais même les arbres cessent le combat.

Célébrer, non! Le confessionnal de la saleté déborde,

la semence du feu fratricide est en chair

et si profondément éclose en nous que la nouvelle préhistoire en sera plus rude.

On peut vivre en ne sachant rien de tout cela

Te célébrer n'est plus possible homme de peu d'argile, fagoté de chardons,

au missel saccagé de tant et tant de crimes.

Je ne connais qu'un seul missel, celui ouvert des jardins.

Crache faim et pisse au vent,

le glaïeul se torche l'œil d'un soleil englué,

ce n'est pas parce que tu vois le soleil qu'il existe,

ce n'est pas parce que je vois des hommes .............



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