Bien sûr, l'amour ne résiste pas aux crachats qui le fleurissent

et les hommes sont à la haine.

Les fleurs me saignent, la pensée se rétracte,

sans étoffes ni sentiments crochus j'étais homme,

je fus homme jusqu'au mime.

Puis mon enfance s'est noyée dans le regard d'un Immortel,

et maintenant que la vase bleue de son oeil fusée reflète des cieux la glace endeuillée,

que ses ongles ont haché même la peau de mon miroir,

maintenant que ce cruel oiseau, écho de mon oeil,

a gravé sur la vague des blés l'éclat de son absence,

mes yeux si vieux, supplient un peu d'ombre où noyer leur nudité.

Depuis je sais que malgré la corrosion des cœurs déchaînés qui se cognent,

malgré les harpes ensevelies, la lèpre des statues, la crue des caresses,

l'urine et l'encens, il y a le miel de la lumière et la brume sonore,

il y a la chair molle d'une rose rouge charnue et sa tiède agonie,

elle se fane, respire encore, son pubis carmin se noirci et s'écaille

et quand vient la nuit, par pudeur, elle se déshabille

pour mourir à l'abri des regards.

J'avance, la nuit ramasse les ombres une à une,

certains se couchent à deux pour ne pas mourir seul,

mon pas hésite,

la lie d'un pétale flétri que la pluie ravine dessine un sourire à l'agonie d'une rose

que mon pas allait détruire.




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