L'homme se fougère, ses pleurs flambent.

Un homme? Peut être un arbre.

Non! Pas encore, écorché il saigne, il ne crie plus, il ne tue plus, il ne craint plus,

il brûle à la chaux vive du spasme.

Ce siècle réclame une image, un rythme, un souffle!

Mettons l'univers à nos pieds!

Palpons les étoiles, pesons leurs couleurs!

Dans notre parcelle d'éternité mettons de l'ordre, de la boue dégageons la parole,

rendons le compte de nos os, de nos larmes.

Il faut aller au charbon de l'âme,

de la densité de la rose jusqu'au trait gravé d'un corbeau sur les blés.

Tu n'as qu'un droit, être une étoile, sinon tais-toi!

De failles en failles il n'y a qu'un abîme qui vaille.

Un abîme, c'est une nuit porcelaine que le vent du large déchire.

Oeil pour oeil, voir et combattre l'usure,

d'un souffle qui ose et fuse, sans cause qui use,

sans porte, une porte console l'adieu,

sans fenêtres, une fenêtre appelle les souvenirs,

sans murs, les murs retiennent les yeux.

Ma maison est une page qui vole,

ma maison est un ventre fertile carrelé d'argile,

ma maison est une tombe ensoleillée,

ma maison n'est pas ma maison,

c'est une mine, un cyprès, une pivoine, une révolte,

ma maison est un passage pour la nuit, un sentier qui lutte au soleil.

Là bas, le soleil, les os usés, ondule sur l'azur,

par grappes le sang s'épuise de sa corolle,

le décor se délabre d'une même morsure,

minant sous nos masques le plaisir d'aimer.



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