Les Immortels me disent

- Un peu de vent à boire, à laper même, un peu de pain à manger, à dévorer aussi et le tour est joué. Et bien c'est fini, le pain est rassi et le souffle a tourné vinaigre.

- La mort est là! Elle joue et pourtant éblouissantes fiançailles du printemps et de l'hiver, l'homme serait une clairière.

- Regarde! L'Aveu a la bouche des espérances.

Regarde! Déjà dans l'œuf crie le feu.

Regarde! Le miroir ne renvoie jamais la beauté, il éclaire ou éteint la lumière qu'il reçoit.

- Pathétique lampe, dans la dureté creusée de la nuit, la flamme change mais c'est du même feu que brûlent le soleil et l'amour pareils, un feu sans morphine qui console.

- La Beauté s'affale dans la neige de fatigue éreintée et ricoche de répugnance, ainsi que le poète sans demeure, elle se tient sur le seuil, elle voit et attend mais n'entre pas en ce monde.

- Notre jeunesse rose carminée oscille dans le miroir de l'aube lavée et puis dans le jardin saccagé de joie et du sel des échansons aveugles, elle s’écroule.

- Il y a trop d'oreillers pour la mort!

- Nous avons ce sentiment de vivre en fraude, mais contre le rite et ses piaillements d'envergure, nous savons que d'une salve le poète tient le monde debout.

- La mort n'attend pas, elle t'enlace, te tire, te désensable, pour être le premier habitant au long souffle, meurs avant d'aimer!

- La lumière se délecte au bord du compotier, peut-être que le monde s'est endormi refusant de se créer.

- Le silence est périssable, même la conscience et son innocence factice s'en parfume.

- Le soleil d'hier irréparable s'enfuit, sans mère, sans refuge, sans appui. Mais, était-ce le soleil?

- Ils font le mal comme on rit. De tuer, de rire, l'amour s'envenime, assoiffé, condamné.

- Étoile au fond d'une mine, je rêve d'un jour, non plus un jour escale de nuit, mais un jour, un jour qui commence.

- Notre neige immaculée proclame qu'entre l'enfer et l'éden il n'y a point de quartier, ni de saisons rédemptrices. Il n'y a que perles de soufre ou larmes de sel.

- Trop encombré de cyclopes le monde implore des sorciers quand la terre souffre de poètes et de flamboyants orages.

- Taciturne dans le silence de toute chose, se ronge la rage des canons.

- Le devin brame de désespoir et les morts endimanchés se grisent de prières.



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