O folie, folie! au loin bourdonne l'angélus des sarcleurs de betteraves,

aux doigts encorcés de givre,

dans le ciel se dessinent des roses bleues

et un sombre soleil déquille des astres clairs.

 

O folie d'aimer, folie toute en nudité, clairsemée des copeaux de l'étreinte,

lune nacrée dans les brumes d'une crique noyée,

sanguine effusion dans la triste ruelle.

Je lèche l'œillet de tes yeux,

c'est l'heure où les giroflées s'enivrent de rosée,

ma main lourde comme une ancre se plâtre sur tes seins,

des moinillons s'ébrouent dans l'orge vert,

sous ma langue ton sexe se pastille.

Juillet sur la colline a mis son manteau de paille,

effleurée, tu te crispes et troubles.

Le jardinier sarcle le pied des statues,

l'herbe pourrait faire frémir le marbre, craque le crin de ton pubis,

amants irrigués, le ventre et le fifre fleuri par ta langue butiné

et c'est le feu qui polit et mes baisers en touffes à tes seins orangés

et nous sombrons, saoulés d'embruns, cachalots épuisés à la folie.

Folie alors que celle d'amour.

Folie à jamais meurtrie d'une barbarie infinie, infinie là bas, infinie ici.




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