Ils me disent

- Dans la sphère inachevée de l'univers, une clairière aimante avale l'alphabet de notre monstrueuse étoile. Ne nous laissant que cendres sur les yeux et des miroirs en lambeaux de houille d'un carnage polaire où l'éclair a fait saigner la glace.

- Quand par les fenêtres crépitera encore un peu d'amour, nous survivrons statues molles et graciles, battues par le vent, flambeaux ancrés dans la boue, sans autre clarté que celle du mercure de nos plaies.

Ils me disent

- Récifs mendiants, trognes violettes, lèvres à boire au goulot, nous rêvons d'exil où nous enfuir. Sans rives, sans repos, nous finissons à la crête d'un parfum d'orties noires. Rejoignants l'œuvre première, dans la caverne enfouie, là où l'écriture, la poésie et le chant sont nés, enterrés, pendant que sur la terre sur des meules s'aiguisent les couteaux du soleil en fauves caresses.

- Clair de terre, dans la garrigue en deuil, des roses sous la laine incandescente se perlent en larmes. J'en fais ma pâture et m'en aiguise le chagrin d'avoir perdu mon amour dans ces champs glacés de betteraves rances.

- Jusqu'au dégoût je me souviens des wagons, des cayennes, du brasier, du silex dans le muscle engourdi et sur le paradis des assassins j’égrène le sable de ma chair, des orties à la main pour fouetter la neige et du jasmin en banderilles pour percer l'éclipse.




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