Ils me disent

- Fouettes la boue des aubes sales et lave ces enfants incestués, à jamais amputés d'un sexe, avant que ne s'incrustent dans leurs chairs le masque de pleurs et de haines.

- Il ne reste qu'une chair trahie, qu'un visage flétri, outragé, solitaire, sans mémoire. Il ne reste que des dettes et l'univers pour se noyer, on naît d'Adam ou du chaos, il faut choisir sa naissance.

- Certains chantent les cris de leurs mains coupées. Non! cessez vos psalmodies! Il est grand temps de refleurir!

- D'amour la nuit se mortifie, là-bas un vieux lavoir aux rebords endoloris garde en mémoire dans son eau que le ciel bleuit, les mains et les seins, les sourires et les larmes des filles et des femmes penchées dans ses reflets maintenant éteints.

- Libres et vains nous sortirons de la ville par famille de cœur, à pied sans chevaux, chevaux nous le sommes au galop de nos cœurs si bien ferrés.

- Un amour si beau, violent, désespéré au-delà des outrages, sans évasions possibles, a fait éclaté en pleurs une larme, pétales d'une rose endeuillée qui dessine dans la neige le regard illisible du dormeur.

- Patiente comme un flocon l'usure est dans la veine inscrite, pendant que les dragons sont bien là qui noircissent l'aube.

- L'homme massacre l'homme, mais où est le crime quand l'homme lui même est absent? La nuit inonde la maison et balafre même les enfants.

- La mort c'est faite miroir pour te voir en ce gouffre qui te fouaille la chair. Au bout de la peur il y a la ciguë et la gravitation qui s'applique aussi à l'esprit, c'est pourquoi nous tombons si bas.

- Nous naissons toujours avec deux yeux, mais il nous faut nous en crever un pour supporter de voir le monde.

- L'infini me tient présumé être né, alors mettre en ordre le chaos, quelle jolie occupation!

Pages 22