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EROS



L’entretien philosophique

Irina m’avait invité à donner des cours de philosophie à ses élèves. Sur ses dix élèves, trois avaient ressentis la nécessité de s’initier à la philosophie ; Armand, Violaine et Romuald.

Pour être plus à l’aise que dans une salle de cours, nous décidâmes, Irina et moi, de faire le cours chez nous, dans notre salon.

Le cours, plutôt l’entretien philosophique, avait lieu une fois par mois, le vendredi soir pendant environ deux heures. Irina servait à boire, me rejoignait sur le canapé, tandis que nos trois élèves s’asseyaient en face de nous chacun dans un fauteuil.

Ce jour là, l’entretien avait comme sujet l’être et le temps. Je proposais d’analyser les cinq genres de l’être définis par Platon : l’être lui-même, le mouvement, le repos, le même et l’autre, pour finir par le "Da-sein" "être là" de Heidegger.

Nous commençâmes par la prise de conscience des différents états de l’être. Être une chose et être au-delà de la chose. Une chaise, elle est mais ne le sait pas. Elle est une chose qui existe d’une façon absurde sans temps. L’homme peut-être une chose, mais il est quelque chose de plus. Il déborde la chose, il est transcendant (transcendant : ce qui en moi se dirige vers l’extérieur). Un exemple : Maria est à coté de moi, elle est là, je peux la reconnaître soit comme une chose, soit comme un être. C’est le regard d’autrui qui nous définit. Je lui prends la main, je prends donc une chose qui s’appelle une main, mais je peux prendre aussi une chose qui est la main de Maria, je reconnais donc une existence à cette chose, une identité, il existe donc un être de la main. Autre exemple : Violaine, je ne te connais pas, tu es donc une chose qui s’appelle Violaine un point c’est tout, mais si je me dirige vers toi, si je me transcende, je peux te saisir comme je saisis ce verre ou bien m’adresser à toi et ainsi reconnaître en toi une chose qui parle, donc un être humain. Je te reconnais mais ne sais pas qui tu es, pas encore. A ce stade nous avons une chose qui est et le mouvement, le regard, le geste, qui reconnaît cette chose et qui lui donne une existence. Sartre disait que le regard d’autrui nous ôte la liberté, il nous définit. Violaine je te vois comme une femme mais Irina aussi est une femme, nous sommes donc en présence de deux choses qui sont apparemment des femmes. Mais comment le savoir, et comment savoir la différence entre elles ? .




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