LEPOWEB



EROS




Et le poète parlait ainsi. Nous ne prenons véritablement forme humaine que par le désir d’aimer que nous sommes capables de faire naître chez l’autre, car le sexe seul n’est rien, dans sa solitude un sexe est vide. Nous sommes les habitants d’un sexe vide. C’est le désir qui invite à combler se vide. Et quand deux sexes se visitent n’existe alors plus qu’une seule demeure, celle habitée par l’amour. Ainsi en va également de la vie qui demeure en elle-même vide de sens puisque son but ultime est la mort. Pareille au sexe, la vie est un vide qu’il faut remplir de soi, et comme une vie ne se comble pas de sa propre solitude, il faut bien l’union de deux vies pour à l’unisson du tressaillement des sens n’en vivre qu’une.

Maria n’écoutait plus, ses yeux griffaient l’air, ses lèvres se tendaient aux mots, ses mains frémissaient de partir pour le grand voyage. Sans agitation, mais sûrement elle se dépouilla de ses vêtements, barrières au souffle de la voix. Libéré, son corps apparu, admirable, marbre lascif. Sa poitrine aux seins fermes et pointés était d’une fascinante puissance. Ses hanches et son ventre avaient l’ampleur et la courbure des amphores enivrantes et épicées. Et sous son nombril placide, un pubis foisonnant et sombre laissait deviner une fente mystérieuse, une fine bouche endormie au bord de laquelle scintillaient quelques perles, quelques gouttes, quelques larmes. À demi couchée, elle entrebâilla ses cuisses de lutteuse et fit admirer au poète le célèbre coquillage qui rend fou et redresse le dard le plus endormi.

À genoux, comme en prière face au dieu caché, le poète s’introduisit par la langue entre les lèvres humides et roses nacrées. Il ne léchait pas, ni ne suçait, il se noyait, s’envahissait, se maquillait du sexe ouvert avalant sa face. Se redressant, comme le nageur ressort sa tête de l’eau pour reprendre son souffle, le poète s’avança, rampa, nageant sur le corps déployé de Maria qui se soulevait et s’étalait comme une vague éreintée vient se rompre sur la plage tant espérée. La verge du poète, au bourgeon luisant, chaude et endurcie, vint buter, se frotter, caresser son clitoris humecté de salive. Leurs bouches confondues, leurs ventres soudés, leurs corps se fondaient l’un dans l’autre au rythme d’un souffle unique. Il y eut un silence, long comme un cri qui se meurt, et comme une supplication venant du plus profond de son corps, on entendit Maria dire d’un souffle court, "Baise-moi ! Baise-moi !".

J’entrai dans la chambre, Maria se réveille.

As-tu fait une bonne sieste ?

Oh oui, très bonne, viens, viens m’embrasser, j’ai fait un rêve merveilleux et je crois qu’il te ressemble.

Ah bon, raconte-moi, tu veux ? .

Alors viens ! .......



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