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D'AMOUR
D'argile, de chair et de baisers en alluvions,
irriguons le jour.
On ne pénètre pas en ta demeure, aimer ne peut être qu'un séjour lentement, patiemment , édifié. Au commencement, le silence. Nos lèvres bégaient, nos mains tâtonnent. Nous ne parlons pas encore, nous nous décryptons. La fleur aux pétales de velours brise sans mal la douleur de la pierre. Du ventre de l'océan le rêve s'étire. Les amants soulèvent le jour. Alors l'aurore ne peut plus mourir. L'air se durcit imprégné l'un de l'autre. L’imprévisible suscite alors le verbe aimer. Soudain, en une fugitive révélation s'élucide l'autre en soi.
Sous la haie sombre de tes cils un nuage se plisse, peut être une île. Comme un geai qui revient des cerises, je m'y couche. Et ta chevelure sur mon âme grise, me fait de la grande passion, prince et vagabond. Au commencement nous sommes deux. Par nos caresses ajoutées nous devenons trois. Puis par la passion, modifiés, nous sommes un. Par nos lèvres syllabes, nous tissons la première nuit, embellie périssable. Ma bouche profère un baiser que tes lèvres recueille. C'est alors que tu parles, je veux dire que tu existes. Ta main devenue caressante, tu es caresse. La caresse qui caresse modifie la parcelle caressée. La main caresseuse se tend sur la peau. La peau caressée se déploie, alors, le silence devient vivant, vibrant de nous.
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