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D'AMOUR Isthme en fugue digue rompue rongée jusqu'aux os, ma main flotte au delà de son sort. Comme s'envague un arbre mort, elle part à travers les rues mordre aux météores une parcelle de chair crue. Ton cœur pivoine sous ta peau me dévoile ta raison folle. Dis-moi le langage des lilas, des hirondelles qui s'affolent, des îles, des océans, des montagnes, des pâturages, des refuges en forme de cabanes, où des bûches encore gluantes de résine attendent d'éclater sous les flammes. Dis-moi des chemins obscurs en plein midi qui débouchent dans des clairières stridentes. Dis-moi le choc des vagues contre l'étrave, le crissement chaud des pas sur les plages interminables, le bruit que fait l'écume au creux de la main abandonnée, crevant entre les doigts parmi les grains de sable. Dis-moi qu'aimer c'est se dire toutes ces choses là. Rien ne te dirais qu'une aube qui saigne, une paume saisie, touffes d'orties en gouttes de sang, haillons sur tes cuisses de terre cuite. Rien ne te dirais que ce que tu es, un atelier de chair et je te hais. Désarmé de mon sexe dont le sperme ranci a séché ta peau, je regarde sans joie les empreintes de ma messe et vomis sur le monde mon sacre et mon dépôt. Page 18 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 |