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Je te donne une berge en dentelle, mon corps pour jouer à la marelle, mon front pour marcher sur le ciel. O ma mie rougis mon verre de ton plaisir doux et amer! Je bois à l'ornière de tes cuisses la rosée qui m'épuise, mais je ne veux pas dormir sans que tes yeux me brûlent encore un peu. Je te donne ma flûte et mes reins nus de bleu entre tes mains pour te bercer quand le châle du soir peint ton ventre et tes seins d'une tendresse sépia. Je te donne des tessons de soleil, du pain libre pour les migrations, les cendres de ma tristesse, des crépuscules de piano et je te dirai que plus grande est ma désespérance plus mon amour de toi est infini. Je te dirai le safran, les senteurs musquées, les vergers morts sous la mer, les ballerines d'aubépines, le brasier des granges endormies. Je te dirai le torrent qui gémit, les cris de la neige sous les pas, les frimas du suicide, les drailles fumantes, les cyprès lancinants. Je te dirai tous les quat'chemins, l'éclat du deuil et le soleil éclos d'un citron haut. Page 21 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 |