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D'AMOUR Dans un ciel de requin, une lune tabagique déploie sa frayeur. Sans étoiles ni remords, l'errance se défile, l'exil n'a plus de lieu, le refuge déborde d'appâts, l'insomnie s'enlise empêtrée de laine lacrymale, même les chiens et les mouches s'engluent de trop de chairs en flaques. L'orme se meurt et pleurent les cloches. Le chêne peut refleurir et les fontaines crépiter de giroflées, les colombes s'empalent aux coquelicots. Tremble danseuse! Ta chemise s'irise de flammes, fauve aux jarrets tendus, il t'empoignera les chevilles, il te dévidera jusqu'à l'enclos du cœur. Tes ronces n'y pourront rien, nenni ton église entre tes cuisses, ni tes seins en peluches à ses trousses, ni sur tes fesses redondantes. La cravache de sa langue n'épanchera tes tempes embrasées et n'ôtera jamais de ta bouche le pain de la triche. Malgré tes baisers qui lui baguent le cou, la verge et le front, il te maudira comme il maudit le piment de tes larmes, perles de cire sur son pieu en sueur. Mais il priera, suppliera pour que tes quatre lèvres, tes mains et tes paupières en broderie toute bue l'attachent, folle gerbe sur ton dos. Échine de la noyade, échancrure d'ambre dans le ciel, tu resteras sur la terre et la mer éternellement éclose dans le lys mordant et la rose goulue.
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