LEPOWEB


172 ROSES

81

La Belle Blonde jaune orange a le sourire crispé d'une mort qui se craint elle même fascinée de tant d'audace, le soleil décline, mouille les yeux des pauvres qui se désespèrent de la nuit, par ces villes peuplées de miroirs où les passants deviennent transparents. 

82

L'Arioso vermillon clair me murmure que nous avons deux yeux, un pour voir le rien, l'autre pour voir le tout; l'homme massacre l'homme, mais où est le crime quand l'homme lui même est absent ? la nuit inonde la maison et balafre même les enfants. 

83

La Parador blonde c'est faite miroir pour te voir en ce gouffre qui te fouaille la chair, au bout de la peur il y a la ciguë et la gravitation qui s'applique aussi à l'esprit, c'est pourquoi nous tombons si bas. 

84

L'Apogée jaune cuivrée et rose framboise a des baisers de bières embuées. Nous naissons toujours avec deux yeux, mais il nous faut nous en crever un pour supporter de voir le monde. 

85

A la Gabriel jaune indien nuancé d'orange je dis que mon impossibilité d'être de ce monde persiste; l'infini me tient présumé être né, alors mettre en ordre le chaos, quelle jolie occupation! 

86

L'Astrée rose saumonée veille sur les chalands épuisés de coton, un peu de sang à boire, à laper même, un peu de pain à manger, à dévorer aussi et le tour est joué; et bien c'est fini, le pain est rassi et le sang a tourné vinaigre. 

87

La Mitsouko jaune mimosa veinée de rose a le drapeau en haillons. Rideau! la mort est là! elle joue et pourtant éblouissantes fiançailles du printemps et de l'hiver, l'homme serait une clairière. 

88

Regarde! l'Aveu rose foncé, elle a la bouche des espérances. Regarde! déjà dans l'œuf crie le feu. Regarde! le miroir ne renvoie jamais la beauté, il éclaire ou éteint la lumière qu'il reçoit. 

89

La Katia rouge groseille velouté, pathétique lampe, dans la dureté creusée de la nuit, sa flamme blonde change mais c'est du même feu que brûlent le soleil et l'amour pareils, un feu sans morphine qui console. 

90

La Beauté jaune isabelle s'affale dans la neige de fatigue éreintée et ricoche de répugnance, ainsi que le poète sans demeure, elle se tient sur le seuil, elle voit et attend mais n'entre pas en ce monde. 


 



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