|
Je parle à partir du bleu, fenêtres en charpies grasses consonnes, claires voyelles bijoux à l'odeur de poison je regorge de sources et d'arbres à pain.
Je vis au périple des deux faces du soleil. Au territoire de la parole se tourbe l'être qui pense la terre, certains mesurent le temps par son degré d'obscurité, ils sont morts déjà sans se savoir clarté et quand fleurit le mot, il revient avec l'éclat oublié de leurs yeux. Il n'y a rien que je ne sache déjà, le bleu n'est plus bleu, le bruit n'est plus bruit le silence n'est plus silence, moi n'est plus moi le bleu devient arche, le bruit écorce, le silence porche et moi roche, le bleu bruit, le bruit silence, le silence moi, moi bleu, bleu porche, porche roche, roche écorce, écorce arche, arche moi, bleue écorce, écorce porche en arche roche, bleue arche en bruit d'écorce, roche bleue en arche de moi, silence porche de bruit en écorce bleue, non, quand je me retire, ma mémoire continue sans moi, du bleu au silence, d'écorce en roche, de porche en bruit, je ne sais rien, seule ma mémoire connaît ce rien, il y a longtemps qu'elle est née et si peu de temps qu'elle s'est habillée de moi, comme une écorce bleue de roche sur un porche de bruit dont je serais le silence. Page 6 |