Ode à toi

Aussitôt que la vie se révèle

la mort déjà en retient l'étincelle

et je ne puis devant ton corps touchant

que me laisser envahir par ce triste chant

qui me vient d'au-delà des terres connues

chant d'amour et de mort bienvenue.

Je marche d'un pas lent et sans bruits

jusqu'à atteindre le sommet de la nuit,

là j'appelle et retiens mes fantômes,

servile, je reste le maître en mon royaume;

car je n'ai ni propriété, ni maison, ni foyer

et je garde sur toute propriété un regard effrayé.

Je ne suis qu'un souffle, un soupir, un geste éphémère

comme le furent les mots et les bras de ma mère.

Tantôt fauve, tantôt proie

je ne crains ni le malheur ni la joie

et si mon corps se tord, aussi il se déploie

sous les vagues et les caresses de soie

quand ton amour aux mains errantes

me fait renaître de ma vie mourante.

Rien n'est plus beau que de te voir nue

car au-delà de ton âge tu restes cette ingénue

qui sur mon chemin sans gloire ni fortune

se dressa telle une déesse brune

qui pour mon malheur me donna le goût du bonheur.




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