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Aussitôt que la vie se révèle la mort déjà en retient l'étincelle et je ne puis devant ton corps touchant que me laisser envahir par ce triste chant qui me vient d'au-delà des terres connues chant d'amour et de mort bienvenue. Je marche d'un pas lent et sans bruits jusqu'à atteindre le sommet de la nuit, là j'appelle et retiens mes fantômes, servile, je reste le maître en mon royaume; car je n'ai ni propriété, ni maison, ni foyer et je garde sur toute propriété un regard effrayé. Je ne suis qu'un souffle, un soupir, un geste éphémère comme le furent les mots et les bras de ma mère. Tantôt fauve, tantôt proie je ne crains ni le malheur ni la joie et si mon corps se tord, aussi il se déploie sous les vagues et les caresses de soie quand ton amour aux mains errantes me fait renaître de ma vie mourante. Rien n'est plus beau que de te voir nue car au-delà de ton âge tu restes cette ingénue qui sur mon chemin sans gloire ni fortune se dressa telle une déesse brune qui pour mon malheur me donna le goût du bonheur.
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